La croissance de l’emploi au Canada et le dollar canadien à surveiller

Pesée par les inquiétudes politiques et chiffres décevants de la croissance du PIB plus tôt ce mois-ci, le dollar canadien sera maintenant influencé sur le forex par les chiffres de l’emploi qui seront publiés ce vendredi à 8:30 (heure de Montréal).

Après l’impressionnant rebond de 66,8 km enregistré en janvier, les analystes estiment que l’économie canadienne n’a pas créé d’emplois en février, laissant le taux de chômage inchangé à 5,8% et légèrement au-dessus du creux de 5,6% enregistré en décembre dernier.

Emploi Canada

Ces données suivent une série de statistiques décourageantes qui ont poussé les traders à être plus prudents pour l’achat du dollar canadien sur le forex. Tout d’abord, c’est de manière surprenante que l’inflation a décéléré plus que prévu en janvier, après un fort rebond du prix idéal de 2% de la Banque du Canada le mois précédent. Ensuite, c’est la lecture de la croissance du PIB qui a pesé sur l’opinion: les prévisions d’un repli plus modéré à 1,2% au quatrième trimestre semblaient trop optimistes alors que les chiffres réels étaient bien inférieurs à 0,4%. La mesure mensuelle de décembre était encore plus inquiétante, les éléments de preuve indiquant une contraction de 0,1% pour la deuxième fois consécutive.

La banque centrale, à l’instar de ses principales contreparties à l’étranger, s’appuie sur le marché du travail pour atteindre son objectif d’inflation. Si le marché du travail se resserrait davantage, obligeant les entreprises à offrir des paiements plus élevés pour attirer les compétences qu’elles désiraient, les dépenses des ménages et donc la croissance des prix pourraient s’accélérer. Les décideurs pourraient alors reprendre leur cycle de hausse des taux si l’inflation se situait au-dessus du point médian de la fourchette cible de 1 à 3% de la Banque du Canada. Mais si la stagnation de l’emploi en février n’est pas une situation ponctuelle, les décideurs politiques pourraient même envisager une réduction des taux dans le contexte de la crise du secteur de l’énergie et de la crainte plus générale que suscite un ralentissement économique mondial.

Bien que la baisse soudaine des prix du brut ait été dans une certaine mesure rétablie, il est encore incertain que le marché puisse pleinement récupérer ces pertes dans le contexte de la guerre commerciale américano-chinoise qui continue de maintenir les entreprises prudentes dans leurs projets d’investissement. Si les États-Unis ne parviennent pas à un accord, les droits de douane sur les importations chinoises se chiffreront à 200 milliards de dollars et pourraient même doubler, ce qui entraînerait la fonte de la croissance chinoise, réduisant ainsi le secteur de l’énergie et, partant, l’économie canadienne. Dans un tel cas, les entreprises canadiennes pourraient éviter toute nouvelle embauche ou augmentation de leur salaire, limitant ainsi les pressions inflationnistes et, partant, tout projet de resserrement monétaire supplémentaire. Notons que le déficit commercial s’est fortement creusé pour atteindre des sommets pluriannuels en décembre, grâce à une chute de 21,7% des exportations de produits énergétiques, consécutive à la chute des prix du brut.

usdcad forex 06032019

Sur le marché des changes, le dollar canadien a perdu beaucoup de terrain par rapport au dollar américain ce mois-ci, ce qui a permis à la paire USD/CAD d’atteindre un sommet de trois mois ce mercredi à 1,3456. Un rapport sur les emplois plus faible que prévu publié vendredi pourrait réduire les chances de hausse des taux cette année et susciter la spéculation quant à une réduction des taux, faisant sortir les fonds de la devise canadienne. Dans ce cas, la paire USD/CAD pourrait s’étirer davantage sur le forex pour tester les niveaux psychologiques de 1,35 et 1,36.

En revanche, si l’emploi montre une croissance positive ou / et que le taux de chômage diminue, la paire USD/CAD pourrait revenir dans la zone de support 1.3375-1.3340, tandis que des baisses plus prononcées pourraient également revenir dans la zone encombrée de 1.3300-1.3260.

Entre-temps, sur le front politique, le Premier ministre canadien Justin Trudeau fait l’objet de critiques grandissantes concernant le traitement d’une fraude par son gouvernement. Deux ministres ont démissionné du cabinet. Les développements autour de la question pourraient affecter l’intérêt d’achat pour la devise canadienne si le scandale s’intensifiait.

Pour rester informé des dernières nouvelles sur les devises, consultez notre section » actualités

par Christina ParthenidouXM Investment Research Desk

Christina a rejoint le département de recherche d’investissement de XM en mai 2017. Elle est titulaire d’une maîtrise en économie et commerce de l’Université Erasmus de Rotterdam avec une spécialisation en économie internationale. Auparavant, elle a obtenu un baccalauréat en sciences économiques de l’Université de Chypre. Outre les marchés des changes, ses intérêts de recherche incluent l’impact du commerce international sur les marchés du travail et le développement de produits.

vous pourriez aussi aimer
Laisser un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.

trois × 1 =